Sous le regard de la Madone {pv Rose Bellamy}

La monumentale cloche encastrée dans le plus haut clocher de la ville sonna six fois,indiquant ainsi à qui voulait bien l'entendre que le jour ne tarderait pas à laisser place à une nuit qui se promettait douce,latitudes méditerranéennes obligeant.Bientôt,les autres horloges de la cité lui répondirent en choeur,comme se relayant un message au sens caché tout en jouant à se faire écho.Les derniers touristes qui s'étaient donné pour ultime but de la journée la visite de la cathédrale Santa Maria Assunta de Volterra prirent à regrets la direction de la sortie,après que leurs guides aient conclu leurs exposés par quelques réflexions laissant songeur,avant de demander bien servilement une légère compensation pour leurs services.Venus des quatre coins de l'Europe,et même parfois d'un tout petit peu plus loin,tous s'étaient agglutinés à l'intérieur de l'édifice pour mieux profiter de la vue panoramique offerte par le campanile,ou encore admirer les plafonds à caissons dorés de Francesco Capriani,ainsi que les autres oeuvres remarquables datant du XIIème siècle que renfermait ce lieu autrefois saint et désormais livré aux yeux ébahis des masses de touristes.Pour ces derniers,c'était déjà l'heure de redescendre vers leurs autocars,pour mieux rejoindre l'aéroport le plus proche.Seuls quelques rares privilégiés avaient pu se permettre de prendre une chambre dans l'une des rares maisons d'hôtes existant : en effet,Volterra n'offrait que peu d'hôtels,si bien que les visiteurs se voyaient contraints de se loger dans les municipalités alentour -entendez par là pas à moins de vingt kilomètres...-.Sans oublier que pour faire un Italie un tant soit peu complet,accorder plus d'une journée à un site serait cruellement prendre du retard dans le gigantesque planning prévu par les agences de voyage ! En une demi-heure,l'église fut donc vidée,ses pierres sombrant peu à peu dans un silence reposant,pareil à un sommeil de plomb que seules les premières lueurs de l'aube,le lendemain,viendraient troubler,annonciatrices de la future arrivée de nouveaux curieux avides d'anecdotes croustillantes.
Dans ce calme presque surnaturel après les brouhaha ambiant des conversations en toute langue,les trois gardiens,archétypes-mêmes de ce que l'on imagine lorsque l'on se figure un homme ayant cet emploi -taille moyenne,bedaine,petite moustache,casquette et veste de l'uniforme réglementaire,ainsi que pass accroché à leur poche et lampe de poche complétant cet attirail- firent le tour de la nef,comme chaque soir,afin de s'assurer que personne n'avait rien oublié,que tout était en place et que personne n'avait eu la mauvaise idée de venir se cacher entre les bancs de bois dans le but de rester toute la nuit en compagnie d'oeuvres d'art valant sans doute un joli pactole au marché noir.Les trois hommes sortirent ensuite par la grande porte,tout en bavardant en un italien teinté d'accent campagnard.La discussion tournait autour de la prochaine Fête du Montepulciano qui célèbrerait les toute juste achevées vendanges du raisin noir constituant une des facettes de la gloire toscane.Cependant,ils ne fermèrent pas derrière eux.Pourquoi donc alors s'être donné la peine de réaliser une succinte inspection,si c'était pour,par la suite,laisser le bâtiment ouvert aux quatre vents ? Tout simplement car dans la matinée,un mémo avait été déposé à leur attention dans leurs vestiaires,les informant avec une cordialité presque dédaigneuse que l'on désirait visiter la cathédrale à la tombée du jour,et ce dans la plus parfaite solitude.Ce simple mot,tapé à la machine,ne portait le nom d'aucun émetteur,sinon un tampon représentant un V stylisé,initial d'un patronyme que vous connaissez déjà tous,et qui flotte à la surface de votre conscience dès que vous entendez parler de Volterra... Ce simple sigle avait fait figure de requête non refusable,si bien que nos compères ne se posèrent pas plus de questions que cela,habitués à ces extravagances dont au fond ils ne connaissaient pas vraiment l'initiateur.Ainsi,Aro avait décidé de jouir de la beauté des lieux alors que le soleil s'aprêtait à disparaître derrière l'horizon.Il pénétra dans un des transpets par une porte dérobée maquillée derrière un paravent qui ma foi ne se montrait pas plus remarquable que cela,ce qui en faisait donc un excellent passage secret vers les entrailles de la ville.Comme prévu,il n'y avait pas âme qui vive.Peu à peu,les ombres s'emparaient des tableaux,et des fonds baptistaux tandis que les deux statues d'anges encadrant le ciborium semblaient revenir à la vie,animés par la lumière changeante du crépuscule.Il s'agissait de la meilleure heure pour profiter de la beauté troublante de l'endroit : les yeux du vampire ne nécessitaient pas plus de luminosité pour profiter des détails des toiles,alors que les derniers rayons de l'astre solaire décadent venaient traverser la rosace du portail principal,baignant la nef de couleurs chatoyantes.
Tout de même,quel étrange paradoxe,ne trouvez-vous pas ? Qu'un être aussi noir qu'Aro,si dédaigneux envers les hommes,et surtout maudit d'un point de vue religieux -ayant perdu son âme depuis un sacré bout de temps-,puisse prendre un quelconque plaisir à venir flâner dans une église... Cette absence totale de mouvement et de son ne lui permettait que de mieux méditer sur quantité de sujets.Théoriquement,l'Enfant de la Nuit aurait dû être "foudroyé" par "un Esprit Supérieur" avant même d'avoir pu poser le pied sur la première dalle du sol,selon les Textes chrétiens.Encore une preuve flagrante de la supériorité des vampires,qui d'ailleurs,sauf exeptions,n'appartenaient à aucune religion,préférant laisser ces sottes croyances à leurs futurs repas.Une nouvelle fois,l'on découvrait un énième joug que cette espèce inférieure s’auto-imposait pour mieux se dévaloriser,comme si leurs faiblesses de caractère ou leur mortalité ne les amoindrissaient déjà pas suffisamment.Comme pour narguer ce penchant humain pour l'espoir apporté par une Entité Invisible et Surpuissante,le Volturi dédia à la statue de bois de la Vierge à l'Enfant un sourire à la fois charmeur et provocateur,comme l'aurait fait un ami intime,voire un ancien amant.Non,ce n'était pas vraiment qu'il ne respectait rien... Mais plutôt qu'il se jouait avec une aisance aussi déconcertante qu'irritante de tout ce que vous pouviez imaginer.
Cependant,des bruits de pas mirent fin à ce blasphème,à croire que le Ciel s'était enfin motivé pour intervenir.Ou plutôt fut-ce le parfum de la personne qui venait de pénétrer dans l'édifice qui lui fit tourner la tête.Son odorat identifia la senteur comme un parfum féminin;sa vue affutée,malgré l'obscurité grandissante du soir naissant,distingua sans mal la silhouette d'une jeune femme -fille ?-,environ 17 ans,qui,apparemment,ne l'avait pas encore vu.Contre toute attente,un fin sourire dénotants des pensées,intentions ou encore raisonnements tout à fait ininterprettables lui vint : avec la nuit approchant,ses iris,en pleine lumière d'un rouge écarlate,paraissaient alors d'un noir-brun des plus banals grâce au clair-obscur ambiant.Quant aux derniers rais traversant les vitraux,ils n'étaient point assez forts pour faire briller sa peau,cette dernière se contentant d'arborer une pâleur de poupée de porcelaine.Aucune panique n'étreignit donc son coeur de pierre quant à l'idée d'être découvert -sans compter qu'en un battement de coeur,il pouvait tuer l'hypothétique gêneuse,ou encore user de sa vélocité pour se cacher.Par contre,niveau curiosité titillée,là...

-Bien le bonsoir,mademoiselle ,lança soudain Aro à la cantonnade,privilégiant l'anglais -langue internationnale- plutôt que l'italien,le timbre de sa voix résonnant quelque peu entre les voûtes de la cathédrale.Approchez donc,n'ayez pas peur.Je ne vais pas vous manger.

Hum... Ouai ouai... ça pouvait être extrèmement poli,joliment sympathique et un soupçon humoristique,ça n'empêchait que cette dernière négation n'aurait pas convaincu la visiteuse si cette dernière avait connu Aro.Cependant,son allure et sa fragrance ne rappelait rien au buveur de sang;conclusion,il ne la connaissait pas.Pas encore... Pour le meilleur,le pire,ou encore un peu des deux,éventuellement ? Néanmoins,prions pour que notre jeune amie ait la bonne idée de faire demi tour,car avec un être aussi inprévisible que l'aristocrate,elle avait autant de chances d'en réchapper que d'y laisser la vie,dès que le Volturi aurait appris ce qu'elle fabriquait là.

Miss Bellamy avait déserté les rues de Forks et son continuel mauvais temps. Rose avait décidé de rendre visite à sa tante Margaret. Celle ci vivait à Volterra. C'était une charmante petite ville d'Italie pas tres connue de part le monde mais tout de même jolie. Bien plus que certaines villes tant vantées par les guides touristiques. Et puis ce serait l'occasion de retrouver un vieil ami; le soleil. IL faut avouer qu'il avait manquer à la jeune anglaise. Certes, il ne venait pas souvent à Londres, mais il ne venait presque jamais à Forks. Cela en devenait presque déprimant, bien que Rose n'aima pas spécialement rôtir sous les UVs pendant cinquante ans. Le fait était seulement qu'il contribuait au bien être des humains : c'était scientifiquement prouvé, Rose avait vue un sujet là dessus. Mais passons. Si je rentre dans ces détails qu'elle aime tant, vous allez fuir...
La jeune fille se baladait donc dans la ville. Elle était arrivée le matin même et avait eu envie de redécouvrir Volterra, ses machos italiens et son obsession pour le rouge. En effet, elle n'y avait pas mis les pieds depuis ce qui lui semblait des siècles. En réalité cela ne faisait que cinq ans.
Cependant, la ville avait bien changé. Rose ne la reconnaissait presque pas et ne serait pas surprise de s'y perdre. Elle avait toutes les chances d'y arriver, même en étant vigilante. Ca aussi, ça pouvait devenir déprimant.
C'est en tout cas ce à quoi elle pensait lorsqu'un homme à drôle d'allure l'aborda. Il était de l'autre côté de la cathédrale que la jeune femme visitait plus par curiosité que par réelle croyance et son teint de porcelaine ne collait pas réellement à l'idée qu'on se fait des Italiens. Cependant, il avait quelque chose, Rose ne sut dire quoi, de vraiment hypnotisant et une certaine grâce qu'elle ne lui aurrait pas soupçonné.
L'homme parla anglais. Curieux, nota Rose. Cela ne se voyait pas tant que ça qu'elle n'était pas italienne. Cependant Rose n'en fit pas une montagne et trouva cela même charmant. L'homme devait se douter que sa ville était touristique. Belle comme elle était, ce n'était pas spécialement dur.e
Rose s'arreta au son de la voix de l'homme. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Le plus étrange était qu'il assurait ne pas vouloir la manger.... Une bien curieuse façon de parler. Ca faisait plus grand méchant loup qu'autre chose.

"Approcher? songea Rose. Et pourquoi faire?"

Mais le visage de l'homme lui sembla si inoffensif que la jeune fille approcha, chose qu'elle n'aurait fait si elle avait su. Mais elle ne savait pas. La était le problème. Les humains ne savent pas, bien que la jeune femme ait quelques connaissances suivant le même régime. Cela ne l'avait pas rendu parano à ce point. En fait, elle ne s"attendait pas à croiser des vampires partout. Après tout, la Terre est aussi censée être peuplée d'humains comme elle...
Se trouvant à présent face à l'homme, elle lui dit calmement, en Anglais, bien qu'elle pratiqua l'Italien.

- Bonsoir, répondit elle. Vous vouliez que je vienne, je suis la. Que voulez vous?

HS : et voilà xD Désolée j'avais aussi lu en diagonale alors... bref.

Hj: Ce n'est pas grave,tu es toute pardonnée ^^





Ouh,mais c'était que l'on se montrait impertinente... Aro adorait cela.En même temps,me direz-vous,il n'existait pas énormément de choses que le Volturi n'appréciait pas,du moins officiellement.Les personnes capables de garder la tête haute alors qu'elles se trouvaient en face d'un être supérieur -oui,le vampire se trouvait supérieur,et franchement,qui pourrait soutenir le contraire ?- possédaient un caractère qui se prédisait des plus intéressants.Avec elles,on pouvait espérer avoir de longues discussions au cours desquelles il y aurait véritablement un échange,et non simplement des "oh oui,que vous avez raison" agrémentés de compliments sans doute hypocrites,mais pour le moins lassants.Le Volturi ne se connaissait aucun grief contre les créatures serviles,loin de là.Au moins,un meneur de son envergure n'en manquerait jamais,et pourrait toujours s'appuyer dessus,profitant des possibilités que cette petite cour d'intéressés pouvait réunir,sans pour autant leur donner satisfaction par la suite.Sans oublier qu'il s'entendait à merveille avec Jane,qui passait pour,jusqu'à nouvel ordre,la plus soumise des membres de sa Garde personnelle.Cependant... Un peu de répondant ne faisait pas de mal.De la nouveauté,de l'action.Et quoi de plus amusant qu'un bon débat,qu'une argumentation construite,qu'un point de vue opposé enfin pour captiver et retenir cet homme à l'attention si volage !
Son petit sourire en coin s'appuya un peu plus,alors qu'il observait qu'à nouveau,il parvenait à obtenir le fruit du moindre de ses désirs.Quant à savoir si la miss avait ou non perçu encore son charme naturel,la question ne se posait même pas : bien sûr que oui.N'importe qui,même portant des lunettes,l'aurait trouvé beau,sinon au moins élégant.Après,les réactions variaient selon les "victimes" de cet aura de prestance et de royauté.Certains -hum,disons plutôt certaines,car au fond,il n'y avait que l'avis gente féminine dont Aro se souciait,les hommes passant naturellement après- se montraient totalement subjuguées,au point de ne même plus parvenir à réfléchir.D'autres encore luttaient avec force contre cette attraction magnétique,armées certainement de la dernière force du désespoir,car rien n'aurait su les empêcher de succomber par la suite.Enfin,l'ultime catégorie se composaient de ce que nous pourrions appeler les "irréductibles",celles lui reconnaissant un certain charme,mais parvenant à ériger une muraille entre leur coeur et les flèches pernicieuses décochées sans arrêt par la délicieuse personne de l'italien.Sans doute Rose faisait-elle partie de la troisième catégorie.Au fond,ça n'avait pas grande importance.C'était comme de connaître son nom,son passé,la raison de sa venue : le seigneur de la ville s'en préoccupait simplement parce qu'il n'avait rien de mieux à faire dans l'immédiat.Dans un sens,la demoiselle ressemblait quelque peu à ce qu'avait été Carlisle Cullen lors de son séjour à Volterra.Un esprit vif pas particulièrement décidé à se plier,pour mieux prendre la tangente et jouer avec la hiérarchie.Et il n'existait aucun Immortel plus joueur que celui qui répondit du tac-au-tac à la jeune anglaise,une fois qu'elle se fut rapprochée de lui.En avant la musique...

-Savoir ce qui peut bien pousser une jeune personne à pénétrer dans un monument alors que ce dernier est fermé au public.

Et toc... Comme quoi,il pouvait être aussi insolent qu'elle,de manière délicieuse bien entendu.Peut-être même plus,mais enfin,lorsque l'on est bien éduqué,on évite de trop jouer avec ce genre de feu -à son niveau,on le maniait.Par contre,lui,il s'y trouvait bien aussi,à l'intérieur du saint lieu,et ça ne semblait pas lui poser un cas de conscience plus que cela.Oh,mais vous savez,Aro était un adulte,avec un plus une bonne dose d'assurance,si bien que même s'il avait surpris dans le Bureau Ovale,il aurait réussi à se tirer d'affaire par une pirouette intellectuelle comme il savait si bien les faire.Quel intriguant.Quel génial mystificateur.

-Mais après tout,il n'existe sans doute aucun autre moment de la journée aussi adéquat pour profiter comme il se doit des splendeurs de cette cathédrale,continua le buveur de sang en balayant le haut des murs du regard,offrant ainsi à la jeune femme son profil,avant de reposer les yeux sur elle.N'est-il pas...?

Non,il ne s'attendait pas à un long exposé sur les mérites histologico-arististiques de la bâtisse.Combien de jeunes gens pouvaient se targuer d'être férus en matière d'architecture et autres disciplines du même acabit... Trop peu,sans doute.Désormais,les adolescents ne parlaient plus que de films Hollywoodiens pas toujours de bon goût,de la prochaine fête où ils pourraient aller,ou encore de puérilités telles la mode,le moyen de séduire la plus jolie fille du bahut,parvenir à acheter un pack de bières sans éveiller la vigilance des parents... Mon Dieu... Cependant,son interlocutrice semblait posséder un brin plus de jugeote que ses camarades.D'où éventuellement une conversation potentiellement édifiante ? De toute façon,en aucun cas Aro ne donnait l'impression de vouloir réprimander la visiteuse pour sa... Comment dire... Bravade ?

Miss Bellamy n'était pas connue pour faire tout comme tout le monde. Et pour cause. Elle tombait, aimait, rougissait, parlait plus que la moyenne. Et elle gaffait, témoignage de son manque d'attention ou de sa vue défaillante, personne n'aurait su dire et tout le monde s'en fichait pas mal. Le fait est qu'elle ne passait pas inaperçue à son grand damne. Rose aurait préféré que ce soit pour la grande beauté (dont le ciel ne lui avait pas fait cadeau), pour sa subtilité (à améliorer) ou pour un quelque autre trait de sa personne, mais elle se fait simplement remarquer car elle ne faisait rien comme personne, souvent à son insu.
Ainsi, alors qu'elle marchait sans trop savoir où aller (et surtout où ne pas aller) dans Volterra, elle avait décidé de visiter la cathédrale. Cela pouvait toujours servir de bien se faire voir par Dieu, au cas où il existe. Bref, la jeune ne perdrait pas plus son temps là dedans que dehors et aurait tout le loisir de profiter de la décoration, voire de prier pour son salut. Du moins, c'est ce qu'elle s'était dit en entrant.
La jeune anglaise avait donc poussé la porte du sanctuaire et avait commencé à le arpenter sans se rendre compte qu'il était désert donc probablement fermé. Oops... encore une gaffe de Mademoiselle Je Fais Tout De Travers. Bravo, Rose, premier prix de stupidité à tous les coups. Car, en effet, ce ne fut que lorsque son étrange acolyte lui fit la remarque que la jeune fille réalisa ce qu'elle avait fait.
Bon, ok, ce n'est pas ce qu'on peut appeler un délit majeur. Dans le pires des cas, elle pourrait toujours invoquer une foi maladive voire sa propre bêtise.

- Je pourrais vous retourner la question, répliqua t-elle finalement à l'homme. Navrée, mais ne ressemblez pas à l'idée que je me fais d'un homme d'église. J'en conclus donc que vous avez fait comme moi. Cependant, je vais satisfaire votre curiosité. Quelqu'un aura au moins une preuve de la politesse anglaise...

Rose sourit et reprit son monologue :

- Pour ne rien vous cachez, je n'ai pas fait attention quant à l'ouverture ou non de la cathédrale. Si vous ne me l'aviez pas dit, je ne le saurais toujours pas en fait. Cela dit, vous avez raison sur l'autre point.

Bon, pour tout avouer, Rose n'était pas la personne la plus férue d'art et encore moins d'art à caractère religieux. Cependant, elle se devait de reconnaître que l'église était très belle, bien mieux que le semblant d'église de Forks.

Ah,une anglaise,avec un joli sourire,en plus... Comme Carlisle... ça se sentait tout de même un petit peu,dans son accent,malgré tout très légèrement teinté du cockney propre à la capitale britannique.Oh,pas de manière frappante;après tout,Rose ne baignait pas là-dedans depuis toute gamine.Mais lorsque l'on a pratiqué la majorité des idiomes connus sur cette planète,ainsi que les langues mortes qui,à une certaine époque,ne l'étaient pas tant que cela... ça vous restait,mine de rien.A fortiori dans la mesure où vos neurones ne tombaient plus en poussière au fur et à mesure que vous avanciez en âge,rêve de tout bon étudiant avide de savoir.En tant qu'un des plus vieux vampires encore parmi nous -nous aurions pu dire le plus âgé,mais ç'aurait sans doute fait un peu vantard,et puis l'idée de vieillesse ne colle vraiment pas à Aro-,l'italien tenait un peu lieu d'annales globales de ce monde,mémoire collective plus que correctement conservée,mais interdite à toute consultation.
Cependant,l'on ne pouvait décemment attribuer au protecteur involontaire de notre Histoire commune les manières d'un bibliothécaire sans âge attaché à protéger son savoir et sérieux à en faire pleurer les pierres,vous voyez le personnage.Dieu qu'il en était loin ! Son caractère se trouvait être.... Hum,comment dire... Diamétralement opposé à ce cliché fleurant bon la poussière,le renfermé,et la rectitude austère d'un rôle dépassant le simple devoir.Une preuve,me dîtes vous ? Il suffisait de le regarder,enfin.Et d'entendre ce que l'on disait de lui.De compter le nombre de fois qu'en une journée,ses délicieuses lèvres s'étiraient en un sourire tantôt content,tantôt ironique,et j'en passe.Inutile pourtant d'aller si loin : il éclata d'un bref rire,qui roula jusqu'aux voûtes,en un écho que n'aurait su égaler un écrin de diamant.Waa.Même si cela paraît totalement déplacé,voire exagéré... Waa,quoi.Indescriptible.Alors oui,le mot "perfection" revenait bien trop souvent lors des descriptions du buveur de sang.Que voulez-vous que je vous dise.Vous mentir serait particulièrement offensant.Et à quoi bon gâter ce petit quelque chose faisant du Volturi une personne tellement stupéfiante.
L'éclat dura à peine une poignée de secondes,et aurait rendu profondément disgracieuse l'hilarité des plus grands nobles issus des siècles où l'Etiquette édictait la moindre attitude à avoir.À côté,le Cardinal de Richelieu aurait eu l'air de s'étouffer,et Louis XV d'imiter un cochon d'Inde enroué.Le venin vampirique réalisait vraiment des merveilles.Ce son tellement original disparut pourtant bien -trop- vite : il ne s'agissait pas d'un fou rire,mais de cette simple chose qu'on imagine de suite dans la bouche d'un aristocrate du XVIIIème siècle,en perruque poudrée et costume de soie.Que c'était drôle ! Lui,un saint homme ! Alors là,plus beau paradoxe,c'était inespéré.Il incarnait bien tout l'inverse du modèle prôné par l'Eglise,tout en hypocrisie,soif de pouvoir et meutres.L'ennemi même des croyances,étant lui-même un mythe devenu réalité,une copie d'Antéchrist remonté des Enfers pour mieux vider de leur hémoglobine les pieux fidèles,et plus encore.Il aimait plaire,déceler de l'admiration dans les yeux d'autrui,crâner par orgueil et malgré tout ne jamais rien perdre de sa superbe.Aucun des Pêchés Capitaux ne s'avérait inconnu pour lui.Une chose demeurait certaine : si jamais Aro venait à disparaître,ce ne serait certainement pas pour rejoindre le Paradis...

-Oh miss,pardonnez ma gaieté,fit-il en posant sur Rose un regard aux iris pétillant de bonne humeur,mais vous faîtes fausse route.Je ne suis aucunement prêtre,Dieu m'en garde.

Comment vivre sans l'amour des femmes... Non,Aro ne voulait même pas y songer.Renoncer à Sulpicia,à Jane,à toutes ses autres admiratrices,pour se consacrer à une existence de prière,ç'aurait été une sorte de suicide.Pourtant,nulle critique ne transparaissait de la réponse du seigneur de Volterra.Il n'était même pas vexé par ce quiproquo rapidement éventé.C'était mignon.Qu'on lui prête une innocence et une droiture d'âme bien loin de la réalité.

-Non,en fait,je suis historien et professeur à l'Université de Florence.Né ici,je suis un peu... Quelle est l'expression juste... L'enfant du pays.Je connais les gardiens depuis toujours,et lorsque je parviens à m'échapper de mon bureau pour revenir vers ma terre natale,l'on me laisse bien aimablement les clefs afin que je puisse goûter à la beauté des lieux en toute tranquillité...

Quel bobard,mes enfants.Un des plus beaux,des plus réalistes également,jeu auquel l'Eternel excellait,comme dans pas mal d'autres domaines encore.Aro en prof... À nouveau,nous évoquons un rêve d'élève.Mais bref.
"En toute tranquillité".Ces trois malheureux mots avaient énoncés à l'image une confidence,comme l'aurait fait un ami proche taquinant gentiment un camarade.Avec les inconnus,le Volturi se montrait toujours incroyablement sympathique.Pour mieux se les mettre dans la poche ? Sans doute.Dire qu'il pouvait se montrer capable d'arracher la tête d'un de ses pairs...

-Au fait,je me nomme Aro.Ravi,positivement ravi ,conclut le vampire en tendant vers elle une main à la blancheur de porcelaine,et aux doigts si fin qu'on les aurait cru faits pour jouer les plus beaux morceaux de piano de Beethoven,ou encore de Mozart.

Sa voix,grave et cette fois un peu moins emprunte d'amusement,avait l'étrange texture du satin,veloutée et profonde.C'est étrange comme constat,je m'en doute.Mais c'était comme ça.On en devinait qu'elle pouvait,si la circonstance s'y prettait,se faire caressante,séduisante,langoureuse.Aaah,Ciel,on s'éloigne du sujet,là ! Arrière,fantasmes mal venus.
Le faux universitaire n'avait point révélé son patronyme,soit pour garder encore un peu de mystère,se laisser le temps d'en inventer un assez bien pour lui,ou encore par souci de simplicité : à quoi bon alourdir son propos par des données n'intéressant sans doute pas du tout la jeune demoiselle.En tout cas,c'était désormais à cette dernière de faire tomber les masques !

Malgré son habit noir, l'homme en face de Rose n"était pas pas curé, ni pasteur,ni rien de ce genre là. A l'expression qui s'était peinte sur son visage en disant cela, la jeune fille eut même l'impression qu'il n'aimait pas particulièrement la religion, voire qu'il la craignait. Cela dit, comme bien souvent , la petite anglaise pouvait se tromper. Et puis ce n'était pas ses affaires.
De toute façon, Rose n"était pas non plus très pieuse. Elle aimait à croire au paradis car elle avait une peur bleue de la mort mais sinon, elle trouvait la majeure partie des histoires bibliques à dormir debout. Elles étaient dignes d'un très mauvais film et Rose avait horreur de ce genre de choses.
Alors oui, vous vous demanderez ce qu'elle faisait dans une cathédrale. Et bien elle y était pour admirer l'art qui l'ornait et qui n'avait rien à envier à la Chapelle Sixtine ou à ce genre d'églises très plébiscitées. En plus, la cathédrale était déserte ce que ne serait jamais les églises que tout le monde connait. Raison de plus pour y aller, surtout quand on aime pas la foule; comme c'est le cas de Rose.
Rose était agoraphobe mais aussi plein d'autres choses parmi lesquelles "très bavarde" la qualifiait assez bien. Elle était aussi très curieuse et adorait l'Histoire. Vous imaginez bien qu'elle fut enchantée de rencontrer un professeur dans cette église. Au pire, si elle n'avait rien à dire, chose qui n'arrivait jamais, elle pourrait toujours s'offrir un cours particulier.
Alors qu'elle réfléchissait à cela, Rose apprit que l'homme avait un nom, très original d'ailleurs. Il s'appelait Aro.

- Enchantée professeur Aro... En voilà un bien étrange nom. C'est italien? Parce que je ne trouve pas que ça sonne vraiment italien. Mais c'est joli et vraiment vraiment très original. Oula, je radote, on dirait.

Rose sourit piteusement.

Aro réussit ce que peu avant lui avaient réussi à faire et Rose ne peut se l'expliquer.
L'étrange homme en quasi soutane (en tout cas, il portait une longue tunique assez kitsch qui allait cependant très bien dans cette cathédrale) mit la jeune fille en confiance en un rien de temps et ce, seulement en parlant. Sa vois avait quelque chose d'entrainant, de fascinant et son air était presque effrayant. Cet homme devait être un excellent manipulateur, bien meilleur que le Mentaliste de la télé. Si ça se trouve, il manipulait Rose en ce moment même.
Néanmoins, il avait gagné la confiance de Rose la Méfiante. Ce n'était pas un moindre exploit. Sauf s'il l'avait ensorcelée mais personne ne pouvait le savoir. Et Rose doutait qu'il l'ait fait; bien qu'elle connaissait des vampires assez doués dans ce domaine ci.

Aro continuait de parler et sa voix continuait de bercer Rose.
Il lui sortit le vieil adage comme quoi la vérité sort de la bouche des enfants. Rose sourit, songeuse.

"Ainsi, je suis encore une enfant pour lui, se dit-elle, mi amusée mi vexée. Je prends bonne note..."

Cette réflexion contestable amusa Rose. Aro la fascinait de plus en plus. Cependant, elle était vexée de n'être qu'une enfant, non qu'elle soit pressée de vieillir. A vrai dire, Rose avait peur de la mort alors non, elle ne la guettait pas. Cependant, elle avait seize ans et malgré sa petite taille, elle était une jeune femme. Point barre.
Cependant, Belle Amie ne créa aucun scandale et continua de boire les paroles d'Aro.
Il acheva sa tirade en décrétant que c"était le tout de Rose. Soit, mais le tour de faire quoi? elle ne savait pas du tout. Elle se sentie bien mal et stupide au possible. La suite des événements allaient être une souffrance horrible pour Rose, et elle n'avait besoin d'aucun don de voyance pour le savoir. Qu'elle ne comprenne pas la chute du monologue de son interlocuteur voulait tout dire.

- Pardonnez la jeunesse de nos jours. Elle est... imbécile et j'en suis bien la preuve parce que je ne vois pas en quoi consistera mon tour.. Le manque d'expérience, peut être ou alors les Anglais sont vraiment stupides...

Rose pratiqua l'auto-dérision, plus ou moins bien. En tout les cas, elle espérait que cette arme ferait son effet et rendit son incompréhension plus acceptable.

Aro retint un semblant de soupir ennuyé,bien entendu factice,étant donné qu'il n'avait en aucune façon besoin de respirer.Malgré le fait que côtoyer des Inférieurs ne fasse aucunement partie de ses activités favorites,et encore moins digne d'un rang comme le sien,le seigneur n'en oubliait pas moins les détails servant sa fausse identité : soulèvement réguliers de la cage thoracique toutes les deux secondes environ -oui,il parvenait à compter mentalement tout en suivant la discussion-,clignement de paupières tous les sixièmes de minute.Simple.Une question mathématique,et rien de plus.Quant à savoir si l'attitude désinvolte de la britannique l'irritait,disons simplement que le vampire comptait réagir exactement de la même façon qu'en face d'Edward il y avait de cela quelques temps et deux ou trois cent mètres en dessous,dans la Sale d'Apparat,lorsqu'il avait fait remarquer au Cullen l'excellente réaction qu'il avait eu en lui refusant une exécution sans qu'il ait commis de faute,à la façon d' "un grand-père grondant son petit-fils adoré",pour reprendre les mots employés mentalement par Isabella pour nous faire parvenir sa perception de la scène.Après tout,cette fille n'était qu'une humaine.Ses neurones se désagrégeaient à chaque pensée,à chaque respiration.Et ce pour toujours,ce qui ferait d'elle,dans plusieurs décennies,une créature voûtée et en proie à la sénilité.Ajoutez à cela l'ensorcellement auquel la miss commençait peu à peu à céder,et franchement,vous vous résignerez à ne point critiquer son manque de jugeote ! Une enfant,oui... Comparée à trois mille ans,oui,elle était jeune,bien jeune... Trop,pour mourir,cependant ? En tout cas,il ne se vexait pas de son incompréhension.

-Votre prénom,voyons,très chère...

Tueur de méninges,va.Cet homme vous annihilait l'esprit,unique étoile se fondant dans au coeur du noir,vous invitant à tomber dans son piège,telle une araignée au magnétisme aussi mystique que pernicieux.Se rappelait-elle des conseils de ses parents,lui ayant recommandé de ne pas se fier aux inconnus,même portant une identité en apparences rassurante et vraissemblable ? Non.Peu à peu,l'image d'Aro pénétrait à l'intérieur de sa tête,gommait toute notion de prudence ou de crainte.Oui,ma jolie,lâche progressivement prise... Coule vers les abysses... Arrête de respirer... Voilà,c'est bien,comme ça... Beau petit pantin entre ses mains expertes...
Plaire.Plaire,plaire et plaire.Bien que le Volturi plaçât les hommes au même rang que les bêtes,peut-être encore plus bas,s'amuser à tester sur eux,sur leur conscience faible et vaincue d'avance les propriétés qu'avait conféré le venin à sa personne s'avérait divertissant.Oui,il savait comment ça se finirait,à quelques détails près,comme par exemple la survie encore à débattre de la jeune visiteuse.Ajouter d'autres noms à la longue liste de ses admiratrices.De ces personnes ayant baissé les armes,sans toujours s'en rendre compte.Pas la peine de résister,de se battre,de détourner le regard.D'ailleurs,Rose n'avait cessé de garder ses yeux posés sur lui.Dans sa voix,cela se sentait.La confiance.Ridicule illusion.Regardez,il avait déjà placé un premier signe de possession,par ce déterminent,cet adjectif.Oh,c'était gentillet.ça allait consister à de discrètes tentatives,histoire de mesurer la capacité à résister de Rose,la rigidité de ses remparts mentaux,aussi mous que du beurre à première vue.Tel un dictateur défiant les démocraties pour mieux s'assurer de leur crainte de la guerre,avant de franchir leurs frontières et les asservir.Elle n'était qu'un bambin leurré par une beauté artificielle.

-J'ai grande estime pour le noble peuple d'Albion,et votre hypothèse est,il me semble,erronée.

Carlisle n'apparaissait nullement comme un idiot,sans oublier Shakespeare,Emily Brontë à laquelle nous devons les fameux Hauts de Hurlevent,ou encore Isaac Newton ! Bon,c'est vrai qu'après,on ne peut malheureusement jamais généraliser,les exeptions se mêlant toujours au lot.Moins pures.Moins attreyantes.En un mot : imparfaites.L'idée que l'anglaise puisse être de celles-ci,une gamine sans esprit,commença alors à l'effleurer : et si au fond elle n'avait rien de particulier ? Que son arrivée dans ce lieu désert n'avait été non point le fruit d'un courage et d'une curiosité capables d'intéresser le buveur de sang,mais une erreur,le résultat d'une inattention ? Lui accorder plus de temps devenait alors rébarbatif au possible.En même temps,Aro aurait dû s'en douter,en choisissant de converser avec une humaine au lieu de se repaître de son sang,ou encore de l'éviter... Tient,rien que de penser à ça,il commençait à s'ennuyer.Et brusquement son rayonnement invisible faiblit,comme un aurait privé une fleur de la douce et réchauffante lumière solaire.Déplaire au Volturi avait toujours un prix.

-Ne répondez pas si vous ne le désirez pas,continua l'italien sur un ton toujours poli,mais bien moins... Comment dire... envoûtant.Après tout,vous n'êtes contrainte à rien.Et sans doute préféreriez-vous visiter la cathédrale seule,simplement accompagnée de vos pensées...

Ouh,quelle invitation ! Quelle insidieuse proposition,de la part d'un homme ne cessant jamais de parfaitement manier sa barque ! Car bien entendu,profiter du savoir d'un éminent spécialiste ne pouvait se refuser.D'un côté,si Rose déclinait l'offre faite à demi-mots,Aro aurait la paix,ses idées d'infériorité humaine confortées.D'un autre,si elle acceptait,cela démontrerait qu'au fond,elle valait la peine qu'on se penche sur son cas,car cachant un potentiel appréciable.Et oui,avec le vampire,les concessions où il n'y gagnait rien,c'était comme un monde sans domination Volturi : ça n'existait pas...

Contre toute attente, Aro ne trouvait pas Rose débile outre mesure. C'était une excellente chose. La jeune femme reprit confiance en elle. D'ailleurs, cette confiance lui faisait défaut depuis sa naissance et ne cessait de lui apporter des malheurs. Mais passons.
Pour en revenir à Aro, il semblait sorti d'un autre temps très lointain. Il aurait pu être un personnage de Faust, de Hugo ou d'un autre maître du genre. En effet, il parlait presque comme un livre. En tout cas, il ne parlait pas comme les hommes de ce deuxième millénaire. C'était étrange mais cela le rendait charmant au possible. Il avait un air de prince charmant marginal, savant et pas trop gnagnan pour être intéressant. Sans compter que sa voix renforçait son pouvoir d'attraction sur Rose. C'était hypnotique, fascinant et effrayant pour la plupart des humains. Sauf pour Rose. Elle devait être folle.
Pour en revenir à notre cathédrale, l'étrange personnage en face de Rose lui proposa sa compagnie. La jeune fille n'en attendait pas moins d'un homme tel que lui, si étrange pourrait-il être. De toute façon, elle connaissait déjà son lot de bizzareries.
La proposition ne surprit pas Rose. Aro avait cet air de gentleman plus ou moins déluré et cette invitation faisait partie du rôle. Cela dit, Rose pouvait très bien se tromper quant à Aro. Après tout elle ne pouvait pas savoir qu'il était encore bien plus étrange qu'elle. C'aurait été trop beau et particulièrement suréaliste donc impossible qu'elle découvrit le pot aux roses. Une humaine telle que Belle Amie ne pouvait se douter de l'importance de cet homme. Oui, elle passait à côté de quelque chose. Mais que pouvait-elle y faire? Elle n'avait pas choisi de naitre humaine, mortelle et banale.
Quoi qu'il en soit l'idée de Aro lui plut. Mais avant de le lui dire, elle tacherait de trouver d'ou venait son prénom. Un historien apprécierait ce détail. Ca ferait peut être tache dans la discussion mais passons. Elle avait fait bien pire et le ridicule n'a jamais tué.

- Avant toutes choses, je pense que mon prénom est français et que ça signification est somm toute claire. Mais je serai ravie d'en apprendre plus alors votre compagnie ne sera pas de trop. La compagnie d'un homme comme vous doit fatalement être enrichissante mais j'espère que nous aborderons aussi d'autres choses que l'histoire.

........ Oh non de Dieu le boulet.
Bon,n'allons pas non plus nous montrer ouvertement méchants.Après tout,la pauvre enfant en avait eu,des émotions,depuis que l'idée de faire un peu d'innocent tourisme à Volterra s'était muée en un simili jeu du chat et de la souris plus ou moins inoffensif ! Cela dit,tout de même,ne pas être capable de prononcer deux petits noms propres qu'on avait dû théoriquement lui faire apprendre,repéter et orthographier depuis la maternelle,et ce dans plusieurs langues... Car oui,pour ceux ou celles qui n'auraient pas encore réalisé,Aro n'attendait d'elle que son prénom et son nom.Tout simplement.Inutile d'aller chercher midi à quatorze heures,voyons.Et pourtant,Rosy partait dans des raisonnements alambiqués aux termes recherchés -sans doute pour impressionner le Volturi-,suivant à fond le vieil adage prétextant que quand on peut faire simple,autant se lancer dans du compliqué.Misère.Parce que l'appeler "mademoiselle « avant toutes choses,je pense que mon prénom est français et que ça signification est somme toute claire »",ça allait pas être pratique du tout.Au lieu de bluffer le vampire,la répartie de la jeune femme commença à le faire douter fortement de son avis concernant les habitants de Grande Bretagne.Néanmoins,il ne se départit pas de son ombre de sourire courtois,tâchant quant à lui de conserver à l'Italie sa réputation de terre accueillante.Et patiente,surtout.

-La parole ne représente parfois qu'une manière,plus adroite que le silence,de se taire... murmura-t-il,plus sans doute pour lui-même que pour la demoiselle en face de lui.

Simone de Beauvoir.Oui,je sais,pour simplifier la conversation,ce n'était pas si efficace que ça.En même temps,comment renier cette partie de sa noble personne particulièrement intelligente ? On ne peut renier sa nature,même si c'est pour éviter à une jeune demoiselle un peu tête en l'air de leur faire perdre un temps précieux.Enfin... Précieux pour elle.L'aristocrate possédait toute l'Eternité devant lui.Et des nerfs assez solides pour encore résister une deux petites heures aux quiproquos sortis tout droit de l'esprit fertile de Rosalie.Je vous dis pas,là,on parlait à peine de comment elle se nommait,et on galérait déjà,mais qu'est-ce que ce serait lorsqu'ils aborderaient des sujets plus sérieux... Hum,c'est vrai,j'avais promis que nous resterions gentils.Cependant,Aro ne comptait renoncer à son projet de découvrir l'identité de la blondinette.Pourquoi devrait-il être le seul à avoir abandonné le masque de l'anonymat ? Cela dit,lui reposer encore la question,et cette fois de la manière la plus simplette qui soit -"quel est donc votre nom ?"- le révulsait.Aucune allure.Et ressasser avait le don de passablement l'ennuyer.Quelle plaie,parfois,de pouvoir réfléchir à la vitesse du son ! Le buveur de sang opta donc pour une autre technique,beaucoup plus amusante.De son point de vue,bien sûr.
À nouveau,ses traits de statue grecque s'imprégnèrent d'une bonne humeur dont l'authenticité s'avérait impossible à certifier -il savait être si bon comédien !-,avant que sa voix veloutée ne s'échappe de ses lèvres.

-Avant de débuter notre périple dans l'Histoire,jouons à un jeu,voulez-vous ? Puisque vous vous refusez à me dire comment vous vous appelez,ma foi pudiquement et avec une judicieuse mais non moins inutile prudence,laissez-moi le deviner dans les lignes de votre main.

Et une nouvelle fois,Il Duca déplia ses longs doigts couleur de marbre,formant un parfait plan parallèle avec le sol.Refuserait-elle à nouveau sa main à Aro,sans vouloir faire de mauvais jeu de mots ? Une fois,passe encore.Mais deux... Ne vous fiez jamais aux deuxièmes chances;elles ne font que permettre à vos détracteurs de mieux préparer leur force de frappe en vue d'une nouvelle réplique.Avec un tel air d'ange,comment pourtant lui refuser ce geste si simple !